Bonjour à tous,
suite à quelques photos macros de studio postées sur ce forum, la discussion a porté sur le making-of de ces photos. Je me lance donc dans l'explication.
Tout à commencé par une envie de faire des photos de collisions de goutte.
J'ai donc fouiné sur le net, écumé les forums et tutos pour finalement retenir la solution expliquée sur le site
https://www.photo18.fr/tutos/collision-gouttes/ en lien avec le logiciel open-source développé par Stefan Brenner (
https://www.stefanbrenner.com/projects/droplet). C'est un logiciel qui ne semble plus maintenu. Après quelques jours à m'arracher les cheveux et arriver à le faire fonctionner sur la dernière version de Java, j'ai eu la joie de voir enfin apparaître l'interface. Il restait ensuite à faire fonctionner la partie électronique (et je n'y connais rien).
Je vous passe de nombreuses péripéties, cramage de composants, défauts de soudure, signaux parasites ... pour arriver enfin à une première version qui fonctionnait.
J'avais à disposition une machine qui permettait de piloter 3 électrovannes, 4 flashs haute vitesse (Yongnuo YN) et un APN. Et ça fonctionne très bien. l'Arduino R3 contrôle à la perfection tout ce petit monde au millième de seconde près. L'APN renvoie ses photos vers le PC et l'écran via USB-C. J'ai donc joué quelques mois à collisionner des goutes et inonder le salon. Je détaillerai les éléments techniques un peu plus loin.
Le temps à passé, la passion pour les gouttes aussi mais l'envie de faire des photos macros est revenue.
Je me suis donc relancé sur le sujet mais cette fois en y passant des semaines (des mois!) pour faire évoluer le logiciel de prise de vue, le montage electronique et les différents composants. Re-belote donc avec l'arrachage de cheveux mais le résultat est là, ouf.
J'ai donc désormais un PC doté d'une interface (en Java) permettant de piloter un Arduino (programmé en C) qui cadence et donne ses ordres à un APN (via la prise télécommande), jusqu'à 6 flashs, un moteur pas à pas (pour le focus stacking), une lampe, un ventilo, et des électrovannes et on peut assez facilement rajouter des éléments.
L'intérêt de ce dispositif est qu'il permet de faire des photos macro en studio. On s'affranchit ainsi des conditions climatiques, de l'arrière plan pas toujours sexy, de l'éclairage inadéquat et le fait que la bestiole se sauve dès qu'elle le peut au plus profond du jardin :/
Voici donc le principe:L'interface du PC permet de programmer l'enchaînement des actions pour chaque composant.
Quelques fonctionnalités du dispositif, qu'on retrouve dans la plupart des dispositifs haut de gamme (MJKZZ par exemple)
- instant de déclenchement du ou des flashs, instant de déclenchement et durée d'activité de chacun des composants
- choix du nombre de photos de la séquence, intervalle de temps entre chaque photo d'une séquence à l'autre, décalage de temps pour chaque composant (c'est pour les collisions de goutte).
- pilotage du moteur pas à pas, avec choix du nombre de pas entre chaque photo, vitesse de rotation et retour au point de départ en fin de séquences
- Les temps peuvent être réglés au millionième de seconde près bien que je me sois aperçu que l'utilité est discutable pour la photo macro
etc
Petit ajout qui est très utile : en macro, l'objectif utilisé laisse passer peu de lumière (ex avec le MPE-65) donc le dispositif allume une lampe (16v) quand il n'y a pas de prise de vue ce qui me permet de faire ma mise au point en voyant quelque chose dans l'objectif. Dès que les séquences se lancent, la lampe s'éteint puis se rallumera en fin de prise de vue.
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TélécommandeLa séquence d'action peut aussi être déclenchée par une télécommande branchée sur l'Arduino et dotée de plusieurs boutons qui pilotent tout ça : une seule photo, plusieurs photos rapprochées, plusieurs photos avec mouvement du moteur entre chaque (focus stacking), avance/retour rapide du moteur pas à pas.
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Voici la boîte qui contient l'Arduino (il est caché sous la plaque marron) et les différents composants électroniques. Au fil des ajouts, le montage est devenu un enchevêtrement de fils et si c'était à refaire de zéro, il y aurait des optimisations à faire.
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Rail micrométriqueLe rail micrométrique à été fabriqué à partir d'un rail pour CNC qui a été couplé avec un moteur pas à pas Nema17
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Voici la photo de l'installation des flashs, du rail et de l'APNFichier(s) joint(s):
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L'apport des informations trouvées sur le net a été inestimable et je suis assez fier du résultat après ces jours passés à douter, à refaire la programmation et les soudures. Au final, j'avoue que ça m'a bien fait tripper de travailler sur ce système
L'utilisationVoici comment se passe une séance de prise de vue d'insecte:
1) le décorSans l'insecte, je commence déjà par préparer le décor: le jardin met à ma disposition toute sorte de plantes et matériaux. Cette première phase est très longue. Il s'écoule parfois 2 ou 3 heures pour arriver à un décor qui me plaît.
Les éléments sont disposés pour créer un univers en prenant soin d'avir une certaines PDC et un bel arrière plan. La disposition de l'éclairage avec les flashs fait aussi partie de l'étape avec de nombreuses photos pour tester le résultat.
2) l'insectedeuxième phase, aller chercher le petit modèle qui piaffe d'impatience à l'idée de faire un shooting. Le jardin en regorge, c'est parti pour la recherche de saltiques, fourmis, collemboles et autres mini monstres improbables.
Une fois la bestiole en ma possession, je la dépose délicatement sur le décor.
3) la prise de vueEt là, c'est le drame, la crise de nerf, l'épuisement du capital patience. Aussitôt l'animal récalcitrant se ballade partout, essaie de s'échapper. Les saltiques sautent sur l'objectif, les fourmis explorent l'envers du décor et les collemboles s'entrainent au saut en longueur. Bref, autant les première phases m'approchaient de la zénitude, autant cette phase est une voie vers l'exaspération. Mais bon, je n'ai qu'à faire des photos dr fleurs séchées après tout....
Bien souvent le décor est de nouveau à modifier car la position de l'animal remet en cause la disposition. Donc re-rebelote pour le décor!
Pour obtenir une photo qui me plaît, j'y passe souvent 4 ou 5 heures avec en moyenne 300 ou 400 photos. L'action consistant à suivre la bestiole dans son périple sur le décor, refaire en permanence la mise au point (je préfère les grandes ouvertures genre 2.8 pour obtenir un décor onirique donc avec une faible PDC) et rattraper l'animal en fuite.
4) fin de la séanceOn relâche la bestiole dans le jardin, on s'ouvre une bière et on se dit que c'est une activité un peu masochiste mais qui est très gratifiante quand on obtient la belle photo
Petite précision: quand j'ai commencé la photo de collision de goutte, j'utilisais un Canon EOS 7D qui fonctionnait à merveille, le déclenchement ordonné par l'Arduino était très bien pris en compte en même temps que celui des flashs.
Depuis, je suis passé au Canon R6 et là, grosse déception. Quand on déclenche l'APN via la prise télécommande, le temps de réaction de l'appareil est très variable. Aucune chance de déclencher en même temps les flashs et l'APN avec le dispositif. Je me suis donc rabattu sur le fait de déclencher les flashs par une émission infrarouge depuis l'APN. Pour la photo d'insecte ce n'est pas trop grave mais pour les collisions de goutte ça doit être bien compliqué désormais car le timing est bien plus exigeant.
Voici un exemple de résultat obtenu: et le lien vers les autres photos:
https://www.image-nature.com/forum/view ... 74&t=71103Fichier(s) joint(s):
IMG_3673.jpg [ 79.91 Kio | Vu 5963 fois ]