Cette rétrospective revêt une forme très originale, celle d’une « mini-monographie » dédiée au blaireau !
Elle se compose de douze clichés choisis dans ma collection 2016, associés à quelques informations sur ce mustélidé peu connu…Observer le blaireau, l’étudier par vidéo-piégeage et en capturer des images respectueuses de l’éthique de la photographie de nature me passionne depuis des années.
Le jour, le blaireau se repose dans le secret de son réseau de galeries souterraines. Il ne sort de son terrier qu’au crépuscule pour se consacrer à une nuit entière d’activité en extérieur. Dès les premières lueurs de l’aube, il retournera dans l’obscurité de ses chambres du sous-sol pour s’y réfugier. Rencontrer un blaireau est rare et le photographier encore davantage car il est très méfiant, sensible au dérangement et doté d’un odorat exceptionnel…
Photographier un « nocturne » sans utiliser de flash mais seulement la lumière naturelle est un véritable défi ! Ma saison de photographie du blaireau n’est de ce fait possible qu’environ cinq mois dans l’année lorsque les soirées s’allongent. À la fin du printemps et en été, mes rendez-vous avec le blaireau se déroulent dans les instants de grand silence qui précèdent l’obscurité… Ces rencontres sont minutieusement préparées au moyen d’affûts dont la réussite est conditionnée par le sens du vent et la discrétion absolue. Chaque saison m’offre plus d’une centaine d’heures d’observation de cet hôte secret de nos forêts mais bien peu d’opportunités pour réussir à le photographier avec une suffisante qualité. Voler à la « presque nuit » une image de ses jeux, de ses travaux de terrassement, de ses toilettes mutuelles ou de sa randonnée nourricière constitue une précieuse récompense pour le photographe-naturaliste !
Pour ceux que la technique intéresse, quelques indications au sujet des photographies de cette rétrospective :Boîtier : Nikon D5
Objectifs : AF-S VR Nikkor 600mm f/4G ED et AF-S VR Nikkor 400mm f/2.8G ED
Vitesse d’obturation : régulièrement 1/60e voire inférieure et n’atteignant que rarement le 1/160e
Diaphragme : pratiquement exclusivement à pleine ouverture (f2.8 ou f4)
Sensibilité : dans une fourchette allant de 12 800 à 51 200 ISO !
Distance du sujet : très exceptionnellement 10 m, généralement jusqu’aux environs de 25 m
Horaires habituels de prise de vue : 20 h 30 - 22 h 00 (je suis sur place bien plus longtemps avant et après ces horaires pour m’installer et observer…)
Accessoires : filets et toiles de camouflage, trépied, housse insonorisante, recours au microphone Nikon ME-1 pour la vidéo
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Commentaire: Avant sa sortie crépusculaire, le blaireau est systématiquement aux aguets, il analyse scrupuleusement son environnement ! Il observe longuement, écoute attentivement et surtout renifle soigneusement pour détecter la moindre odeur suspecte avant de se risquer timidement hors du terrier…
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Commentaire: Les réseaux de terriers aux entrées multiples sont souvent situés sur le flanc de terrains en pente pour bénéficier d’un drainage naturel. Ils sont choisis dans des sols suffisamment meubles pour être creusés. Les gueules des terriers se trouvent régulièrement proches de troncs couchés, de ronciers ou de branchages qui aident au maintien de la terre et dissimulent un peu les premières apparitions du blaireau avant sa sortie…
mono_blaireau_2.jpg [ 239.97 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Notre ami témoigne de solides habitudes, il affectionne les mêmes coulées et stationne au même endroit une fois qu’il s’est extrait du sous-sol… Parmi les autres indices de sa présence… des places de jeux et de toilette, piétinées, nettes et balayées… des ballots de foin abandonnés, traces de la litière renouvelée… des marques de griffes sur l’écorce de troncs voisins et de petits creux dans la terre garnis d’excréments, les latrines du blaireau…
mono_blaireau_3.jpg [ 190.03 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Le plus grand de nos mustélidés est râblé et trapu. Il n’a pas son pareil pour fouiller et sonder le sol à la recherche de nourriture un peu comme le fait le sanglier mais sur cette image la truffe du blaireau est terreuse pour une autre raison…
mono_blaireau_4.jpg [ 187.67 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Le blaireau est un fabuleux terrassier ! Pour entretenir et agrandir habitat souterrain, il extrait du sous-sol, toujours en marche arrière et à grands coups de griffes et de pattes - ses pioches et pelles naturelles - des mètres cubes de terre et de gravats. Ces manœuvres d’excavation répétitive portent dans l’axe de certaines entrées la « signature du blaireau » : un petit chemin creux, en forme de goulotte en toboggan, qui débouche sur d’impressionnants monticules de déblais fruits du labeur successif de générations de blaireaux !
mono_blaireau_5.jpg [ 190.12 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Le rituel de la toilette est caractéristique de l’espèce. Elle peut s’effectuer en solitaire à grand renfort de contorsions diverses et de postures surprenantes pour atteindre toutes les parties de son corps…
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Commentaire: Les grattages mutuels et les épouillages énergiques sont fréquents entre congénères de la communauté. Au-delà d’une vertu d’entraide à l’hygiène, ces gestes renforcent les liens et la cohésion entre membres du même clan.
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Commentaire: Avec leur pelage immaculé, qui pourrait croire que ces deux compères viennent à l’instant de sortir d’une profonde galerie souterraine après quinze heures passées sous terre ? Le blaireau vit rarement seul, il cohabite la plupart du temps dans le même réseau de terriers au sein d’un petit groupe. Ce groupe de colocataires partage une odeur singulière que les individus déposent au sol par des sécrétions odoriférantes et qu’ils s’échangent par contact de leurs arrière-trains lors de brefs rapprochements.
mono_blaireau_8.jpg [ 191.76 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Toujours sur le qui-vive, le blaireau repère parfaitement un bruit inhabituel, un mouvement anormal et surtout une odeur étrangère même portée de très loin par le vent… Selon sa sensibilité au dérangement et à l’évaluation de son importance le blaireau réagira différemment à une perturbation avérée : il différera son horaire de départ du terrier ou restera sous terre ce soir-là, sortira désormais par une autre gueule voire déménagera provisoirement ou définitivement sur un site différent avec les siens !
mono_blaireau_9.jpg [ 213.08 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: Le régime alimentaire du blaireau varie pour s’adapter aux saisons et aux ressources locales. La nuit, meles meles parcourt généralement son territoire en solitaire à la recherche sous les feuilles et dans la couche superficielle du sol de fruits, de végétaux, d’insectes et autres bestioles… Il est friand de vers de terre ! Sa randonnée nourricière en boucle le reconduit au petit matin généralement à son terrier principal… sauf s’il décide d’occuper temporairement un terrier secondaire ou si la traversée d’une route s’avère fatale… Ici, un jeune de l’année en recherche vitale de nourriture. En quelques mois, il atteint quasiment la corpulence d’un adulte. Charge lui incombe en effet d’accumuler de bonnes réserves de graisse pour affronter son premier hiver où il ralentira son activité sans pour autant hiberner…
mono_blaireau_10.jpg [ 193.52 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: L’observation d’un même clan et des habitudes de ses individus au fil des mois est la clef d’une étude passionnante. Ce suivi dans la durée ne peut s’envisager sans le plus grand respect de la quiétude des animaux et des sites qu’ils fréquentent… La photographie du blaireau exige la patience et la persévérance, elle oblige à une préparation soignée des affûts… Elle offre de belles émotions lorsqu’il est possible d’anticiper certains lieux de passage pour se trouver en toute proximité !
mono_blaireau_11.jpg [ 212.6 Kio | Vu 12409 fois ]
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Commentaire: La photographie du blaireau est difficile et force à l’humilité car elle nécessite la maîtrise de la prise de vue en très faible lumière… Les images « pas assez nettes » sont légion du fait du recours contradictoire aux très longues focales et aux vitesses d’obturation lentes ! Mais les constants progrès des matériels permettent aujourd’hui de partager des photographies réalisées dans des conditions jugées autrefois comme impossibles. De quoi justifier les longues soirées d’attente et motiver une prochaine saison pour donner à voir des images de cet animal mystérieux et attachant !
mono_blaireau_12.jpg [ 211.79 Kio | Vu 12409 fois ]
BONUSVidéo 4K - Matériel utilisé : Nikon D5 et AF-S VR Nikkor 400mm f/2.8G ED + Microphone externe : Nikon ME-1.