J'ai toujours été attiré par la montagne en commençant avec les cornes pour rapidement passer aux plumes et à présent je m'intéresse aux êtres plus petits mais tout aussi fascinants. Ce qui ne m'empêche pas de cliquer sur un lagopède "levé" au détour d'un rocher ou d'une hermine qui vient finir mes restes de casse croûte.
Les photos ne sont pas terribles et les sujets peu photogéniques. Ce n'est pas facile d'aller à la rencontre de ces bébêtes d'altitude qui ont quand même des mœurs bien particuliers. Je suis déjà content d'en voir et encore plus de pouvoir les cadrer. Les bokeh et les contre-jours attrayants sont le cadet de mes soucis quand je vais à leurs rencontres, désolé pour les artistes dans l'âme....
242 - Tunnel du Parpaillon côté Hautes Alpes. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, derrière le tunnel se sont les Alpes de Haute Provence et l'Ubaye. L'intérêt de cette ancienne piste militaire (très mauvaise) c'est d'arriver à l'étage nival en voiture pour faire des chasse nocturnes. Il faut quand même préciser que le matériel est conséquent avec groupe électrogène, rallonge, draps et matures etc ..... Ici nous sommes à 2660m. Nous commencerons notre soirée à 21h30 (en pleine canicule) à 16° pour finir à 01h00 à 5° et l'arrêt des mouvements de papillons.
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243 - Il n'y a qu'ici qu'on rencontrera les relictes boréo-alpines qui ont trouvé refuge dans les massifs montagneux lors du retrait des glaciers à la fin de la dernière glaciation. Ici les papillons nocturnes, et même diurnes, sont ternes et petits. Ils ont développé quelques stratégies très efficaces pour survivre à ces altitudes. Ils ont l'abdomen recouvert d'une pilosité importante et les femelles présentent souvent des ailes atrophiées. C'est un mécanisme très efficace contre les vents violents. Les femelles précieuses pour la survie de l'espèce, n'offrent pas de prise au vent avec leurs moignons d'ailes, tandis que les mâles, dont la seule tâche est de disséminer l'espèce, doivent voler et affronter les intempéries.
La Psodos des sommets -
Glacies alticolariaFichier(s) joint(s):
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244 - Et bien évidement ces espèces ne viennent pas toutes à la lumière. C'est le cas de la famille des Glacies et des Sciadia présentées ici. Il faut donc arpenter les éboulis stabilisés avec une végétation éparse et guetter le moindre mouvement "suspect". ces papillons font en moyenne 30 à 40mm et ils volent au ras du sol en se posant régulièrement les ailes à plat sur les pierres pour se chauffer.
Ce qui évite de courir partout parce que les moirés, très sombres eux aussi (Erebia pluto ou Moiré des glacier) bien plus nombreux se posent toujours les ailes repliées. Ils sont aussi un peu plus gros.
La Psodos tremblante -
Glacies canaliculataFichier(s) joint(s):
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245 - Ils sont à la recherche de nourriture mais surtout des femelles qui vivent sous les pierres à l'abri des prédateurs.
Comme vous pouvez le constater déjà sur ces trois espèces différentes :"Ils se ressemblent tous", comme dirait notre ami Michel des PDS. Il a raison mais pourquoi ?
Les papillons doivent se protéger des prédateurs (oiseaux) lorsqu'ils sont au repos en se confondant avec les roches et les lichens. C'est ce qu'on appelle la convergence des habitus (apparences générales) des lépidoptères. Même si se sont des espèces et même des familles différentes. Une Psodos ressemble à une Sciadia qui ressemble à un moiré qui ressemble à un Metamexte (pyrale) qui ressemble à un Orenaia (pyrale) etc etc.... On peut aussi constater que cette convergence des habitus s'accompagne souvent de celle des comportements. Par exemple tous ces papillons volent comme des mouches au soleil et se laissent tomber dans le pierrier lorsqu'un nuage obscurcit le ciel. Et également par la nécessité, une couleur sombre absorbe mieux la chaleur du soleil etc....
La Psodos infernale -
Psodos belzebuthFichier(s) joint(s):
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246 - Mais fort heureusement il y en a qui viennent aussi à la lumière, une chance. Et tous ne sont pas noirs.... Mais ils sont plus mobiles et naviguent entre les étages Nival, alpin et montagnard pour se nourrir et se reproduire. Naviguer entre les étages permet aussi d'avoir une floraison plus longue dans le temps.
Beaucoup de papillons nocturnes montagnards butinent le jour, notamment parce que beaucoup de fleurs se ferment la nuit. Mais aussi parce que la période favorable est ici très courte. Ce qui permet sans doute d'améliorer leurs sources d'énergie.
La Plusie de Bellier -
Euchalcia bellieriFichier(s) joint(s):
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247 - Paradoxalement la montagne c'est aussi le domaine des Plusinae. Cette famille de noctuelles souvent très colorées qui fait le plus grand bonheur des lépidoptéristes.
Le Lota -
Autographa jotaFichier(s) joint(s):
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248 -
La Plusie de l'Aconit -
Euchalcia variabilisFichier(s) joint(s):
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249 - Mais revenons aux purs montagnards. Du fait qu'ils se ressemblent tous ou presque, leurs identifications est souvent un casse tête et cette fameuse convergence des habitus permet à certains lépidoptéristes de se spécialiser dans ces espèces si difficiles à identifier où la dissection est souvent l'étape ultime pour arriver à l'espèce. Un papillon ou un lichens ?
La Gnophos glauque -
Charissa glaucinariaFichier(s) joint(s):
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250 - Le genre Charissa est célèbre dans ce domaine. Parce que évidement, en plus ils ont souvent des couleurs variables allant du plus foncé au plus clair, çà serait trop simple ! D'ailleurs on retrouve quelques espèces de ce genre en plaine.
La Gnophos incertaine -
Charissa ambiguataFichier(s) joint(s):
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251 - Si les plus anciens fossiles d'insectes (Caramboles) remontent à 350 millions d'années, les plus anciens "restes" d'authentiques papillons remontent à une époque bien plus récente, environ 190 millions d'années. Au secondaire bon nombre de papillons pris dans l'ambre dans diverses régions du globe ne diffèrent que très peu de nos papillons actuels. On peut donc en déduire que l'
Évolution des papillons a dû s'étaler sur environ 200 millions d'années. Avec un boom durant le Jurassique, entre 180 et 130 millions d'années. C'est long, très long....
Une des formes les plus primitive de papillon : les Hépiales. Antennes courtes, pas de maxillaires et ne se nourrissent pas, activités brèves dans le temps et crépusculaires.
La Sylvine-
Triodia sylvinaFichier(s) joint(s):
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252 - Et quand on sait que la formation d'une simple sous-espèce requiert une durée de 10 à 20 000 ans, on peut se demander si ces papillons de montagne habitués au froid pourront s'habituer aux chaleurs à venir, j'en doute vu la rapidité à laquelle elles arrivent et durent.... c'est la première fois que la brièveté d'une existence humaine permet, non-naturellement, d'être le témoin d'une semblable évolution.
Encore un "primitif". Les Lemonia sont représentés en France par seulement deux espèces, dont cette bête qui ne vit qu'en montagne. Celle-ci à été photographié à 2500m.
La Jaune du Pissenlit -
Lemonia taraxaciFichier(s) joint(s):
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253 - Et je termine par cette jolie "Ecaille". Beaucoup de ces nocturnes sont visibles qu'en montagne et ne sortent que tard dans la nuit. Par chance elles sont souvent attirées par la lumière.
L'Ecaille maculée -
Chelis maculosaFichier(s) joint(s):
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Si vous avez tout lu, vous avez peut-être appris deux ou trois trucs, si vous n'avez regardé que les photos, désolé, elles sont moyennes. Mais quoi qu'il en soit merci d'être arrivé jusqu'ici et à bientôt, sans doute plus bas