Après une période anormalement douce pour la saison nous voilà à présent avec une vague de froid elle aussi, anormale pour cette même saison. Je ne suis pas sûr que cette année encore nous aurons des fruits, ce matin il faisait 0° et demain devrait être encore plus froid. Quand on voit les inondations dans le Golfe Persique il n'y a plus guère de place aux doutes même si il y en a encore qui en ont.
Bref, la période chaude nous a permis de faire quelques sorties assez fructueuses. On est encore loin des "scores estivaux" mais il n'était pas rare de voir une trentaine d'espèces différentes dans la soirée. Ce qui est déjà très bien à cette époque d'après les baroudeurs qui font çà depuis des décennies. Et encore aux dires des copains qui m'ont visité, c'était même très bien puisque dans le lot il y a beaucoup d'espèces recherchées par les spécialistes. Espèces qui ne sortent qu'en fin d'hiver et seulement dans quelques départements à l'extrême est du pays.
Ce ne sont pas souvent les plus spectaculaires mais encore une fois, elles ont le mérite d'exister, et ce n'est déjà pas si mal.
592 - Je vais commencer par une espèce emblématique des Alpes. Déjà présentée, la chenille se nourrit de pin sylvestre et l'imago n'est visible juste quelques jours, à peine une toute petite semaine et juste un peu plus pour les femelles. Leur temps de vie est tellement bref que la nature n'a pas jugé nécessaire de les doter d'organes digestifs. Ils vivent sur les réserves faites par la chenille, juste le temps de se reproduire. Je rappelle que ce papillon est protégé depuis 1976 et c'est d'ailleurs le premier insecte à l'avoir été en France.
On ne trouve se papillon que dans le 04, le 05 et le 06 et dans les Pyrénées Orientales.
Graellsia isabellae -
Le Bombyx Isabelle ♂Fichier(s) joint(s):
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593 - Lui aussi a une aire de répartition assez restreinte ( 04 - 05 et 73) et on ne le voit qu'à partir de mars avec le pic en Avril pour disparaitre des radars dès le début mai. Rarement vu en plaine, ce papillon devient plus commun au dessus de 1500m Enfin quand je dis commun, tout est relatif. Quand on en voit 2 ou 3 dans une soirée c'est "champagne" !
D'ailleurs cette grosse noctuelle fait souvent parti des "targets" des visiteurs à cette époque.
Perigrapha i-cinctum -
L'Orthosie trimaculéeFichier(s) joint(s):
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594 - Il existe également une autre façon d'attirer les papillons de nuit "lucifuge" (animaux qui fuient la lumière), c'est la miellée. C'est une mixture à base de fruits, de bière et de sucre qui a macéré plusieurs semaines dans un récipient, il y a autant de recettes que de chasseurs de papillons. Ensuite soit on badigeonne quelques troncs ou alors on fait tremper des petites cordes de chanvre imbibées qu'on suspend loin des sources lumineuses.
Ça m'a permis de voir ces deux espèces que je n'avais encore jamais vu. Très semblables, elles ressemblent toutes les deux à un bout de bois lorsqu'elles sont immobiles.
Xylena exsoleta -
Le Bois-secFichier(s) joint(s):
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595 - Et sa proche parente. Pas simple à différencier, celle-ci à une bande assez claire le long de ses ailes repliées.
Xylena vetusta -
L'AntiqueFichier(s) joint(s):
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596 - A cette époque c'est de loin le papillon le plus répandu dans mon coin. A chaque fois nous en avons vu des dizaines. Elle est présente partout en France.
Earophila badiata -
La Cidarie baieFichier(s) joint(s):
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597 - Encore un papillon qui ne se nourrit pas et qui a donc une durée de vol très brève. Et bien souvent ce ne sont pas les plus moches, loin de là.
Eriogaster lanestris -
La Laineuse du CerisierFichier(s) joint(s):
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598 - Pas très rare et présent partout en France, ce papillon n'en reste pas moins curieux de part sa forme avec ses ailes très échancrées et ses protubérances d'écailles sur le thorax. Protubérances souvent présentes sur les noctuelles dont on ne connait toujours pas leurs fonctions. Mais en ont très certainement une...
Phlogophora meticulosa -
La MéticuleuseFichier(s) joint(s):
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599 - Un des rare micro-lépidoptères que j'arrive à identifier sur place. Assez commun chez moi, je le vois quasiment à chaque sortie.
Plutella xylostella -
La Teigne des crucifèresFichier(s) joint(s):
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600 - Voilà j'ai fait à peu près le tour des espèces qui présentent un peu de déco et je vais vous éviter toutes les autres beaucoup plus "ordinaires".
Colocasia coryli -
La Noctuelle du Coudrier Fichier(s) joint(s):
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601 - J'oubliais, je vous ai déjà parlé des genitalias. Lorsqu'on fait des inventaires où il faut être précis et ne pas se contenter d'un "sp". Il faut donc avoir recours à ce procédé pour être sûr des identifications. Les genitalias sont les seules parties de tous êtres vivants qui sont différentes d'une espèce à l'autre et elles sont donc le seul moyen de les différencier. Maintenant il y a aussi l'analyse ADN mais ce procédé ne nécessite qu'une binoculaire et prend très peu de temps. Il suffit ensuite d'avoir de la bonne documentation pour finaliser la recherche.
Bien entendu on ne va pas tuer un papillon juste pour mettre un nom sur une photo qui va finir dans un fichier que plus personne n'ouvrira. Et une fois que l'espèce est identifiée dans un lieu c'est fini. Il faut aussi savoir qu'il n'y a pas beaucoup d'espèces qui nécessitent ces opérations pour les différencier. L'époque, le milieux sont aussi de très bon indicateurs et dans 99% des cas une bonne photo ou/et un bon connaisseur du sujet suffisent.
Par contre pour ces 3 papillons : Triphosa dubitata, T. tauteli et T. sabaudiata , ils volent à la même période et dans les mêmes biotopes et seul l'examen des genitalias peut les différencier. Ici çà se joue au sommet de ces genitalias femelles où les "lobes de l'oviporus" sont plus ou moins gros et de formes différentes (les espèces de trucs poilus au sommet des genitalias).
Fichier(s) joint(s):
Triphosa ♀.jpg [ 198.82 Kio | Vu 157 fois ]
Tuer un papillon pour l'identifier, çà peut choquer certaines personnes. Mais ces prélèvements ne mettent pas du tout en danger la viabilité d'une population dans un lieu, parce qu'ils se limitent à quelques individus, parfois même qu'à un seul. Par contre ils permettent d'affirmer qu'ici il y a telles ou telles espèces qui se nourrissent de telles ou telles plantes etc..... C'est d'ailleurs le but des inventaires que nous faisons avec notre association. Comment protéger quand on ne sait pas ce qu'il y a à protéger ? C'est pareil pour les prélèvements qui alimentent les collections de référence. Là aussi je ne parle pas du collectionneur qui remplit des boites juste pour son propre plaisir.
En ce moment la France est entrain de rattraper son retard sur le séquençage des hétérocères (il y a encore beaucoup de boulot) et ce n'est pas avec une photo qu'on peut le faire, vous en conviendrez. Surtout que nous vivons une époque charnière avec des changements importants du climat qui s'opèrent et qui vont encore changer dans le futur. Inévitablement l'entomofaune va aussi évoluer et il faut garder des traces de ce qu'il y a actuellement. Et grâce justement à des collections anciennes de référence on sait aussi ce qu'il y a eu, ce qui a disparu et ce qu'il y a encore.
Tout un programme, c'est assez passionnant