Bonjour à vous tous, chers amis,

Un des très rares avantages du confinement consiste à augmenter le temps disponible pour l’écriture.
Ceci me permet de vous soumettre ce sujet traitant de nos chevaliers les plus communs.
Il se décomposera en deux parties, l’abondance des images l’exigeant.
Je n’ai pas résisté à la tentation de vous présenter quelques images du combattant, bien qu’il ne figure plus aujourd’hui dans la famille.
Ce sont de bons souvenirs.

Amitiés,

Patrick


Jadis, les chevaliers étaient des combattants, adoubés et équipés par les princes, voire les rois, pour prix de leur courage et de leur dévouement.
Plus tard, il y eu des séries telles que les chevaliers du ciel, espèce à laquelle appartiennent sans conteste nos amis emplumés dont le destin surement plus modeste est toutefois loin de manquer d’intérêt.
L’étrange histoire de la taxonomie a bouté hors de leurs effectifs le seul qui associait le nom de chevalier à celui de combattant.
Au plan génétique, il a été considéré comme plus proche des bécasseaux.
C’est sans doute vrai, tout autant que sa nouvelle appellation : le combattant varié.
Varié, il l’est en vérité.
C’est un seigneur des leks, ces arènes naturelles au centre desquelles, les mâles se disputent, à grands renforts de variations, ces belles indifférentes.
Indifférentes seulement en apparence.

1 – Proche de sa tenue de noces


2 – Si fier


3 - Coopératif


Hormis pour les grands voyageurs, au sein de l’hexagone, certains chevaliers tels que le chevalier grivelé, le chevalier bargette et d’autres encore constituent des raretés.
C’est donc vers les autres, plus communs, que nos pensées se tourneront.
La Nature les a répartis, si l’on ose dire, entre deux catégories : les petits et les grands.
Au-delà de ce clivage sommaire, certains sont plus célèbres que d’autres.
Indiscutablement, notre ami à pattes rouges est le plus connu.
Le chevalier gambette aurait sans conteste pu inspirer la chanteuse bien connue avec ses belles gambettes.
Très grégaire, il se déplace en groupes nombreux, assez souvent.
Il affectionne le bain et réjouit souvent ses admirateurs par ses postures variées, parmi lesquelles le bond.
La variété des appellations qu’on lui donne témoigne de sa gloire.
C’est souvent le mot rouge qui en ressort, aussi bien en français qu’en anglais, notamment.
Je m’autorise toutefois à citer les vendéens qui le nomment « tirard » ou « tirançon » eu égard à sa générosité vocale.
Il n’est pas chiche de ses cris et autres chants, et l’on dit même qu’il sert souvent de sentinelle aux autres échassiers.

4 – Chevalier aux pattes rouges


5 – Un spécialiste du bond


6 – A la toilette


Proche de lui, à tel point qu’il est souvent source de confusion, le chevalier arlequin rejoint ceux dont la métamorphose du plumage est spectaculaire. En plumage nuptial, il devient totalement noir.
Un peu plus grand que le gambette, il présente un bec plus fin et plus long ; sa base est orange, et on la discerne bien quand il accepte de s’approcher, surtout avant qu’il n’entame son repas dans la vase noire.
C’est un très bon nageur.
Il plonge même, à la façon d’un phalarope, avec lequel il partage, du reste, quelques autres petites choses.
Sans atteindre le haut arctique, il se rend en Laponie pour fonder son foyer.
A la frontière de la toundra, il se perche sur un petit arbuste. Ses visiteurs sont bientôt survolés de près, dans un piqué agressif qui peut se terminer par un coup de bec sur le crane, ou, dans le meilleur des cas, par le dépôt d’une fiente toute chaude.
Quelques pas en arrière suffisent à rendre à notre oiseau toute sa sérénité, même s’il a d’ores et déjà imité la sterne arctique dont la réputation est bien établie dans le domaine de l’agressivité naturelle.
Comme le Tadorne de Belon, il gagne la mer des Wadden pour effectuer sa mue.
Comme chez le Phalarope, c’est le mâle qui est pourvu des plaques incubatrices : victime, lui aussi, de coups de canif dans le contrat conjugal, il garnit le nid, assure la couvaison et élève sa famille en bon père de famille.
Néanmoins, même si la recherche scientifique est déclarée encore très lacunaire, elle fait mention d’une observation portant sur une femelle possédant ces fameuses plaques incubatrices.
Voici déjà de quoi songer à Charles Darwin et à l’évolution des espèces.

7 – Le chevalier noir

8 – En tenue standard


9 – Un beau profil


Son fréquent voisin de pêche, le chevalier aboyeur est, lui, plus aisément identifiable, ses pattes et son bec n’étant plus rouges, mais verts.
Les allures sont claires, chez lui aussi, et sa taille est parfaitement comparable.
Leurs cris les rapproche, mais avec quelques riches nuances.
Ils se répondent assez souvent.
« Thiou, thiou, thiou » dit l’aboyeur ; « thiou » avait dit l’arlequin.
Ce qui prouve, naturellement, que deux syllabes suffisent à faire toute une différence.

10 – Des allures claires


11 – Petite gratouille


12 – En pêche

La conjugaison du talent de narrateur et de photographe, nous gratifie d'un reportage tout à fait intéressant, clair, net et précis. Passionnant à suivre

Thiou, thiou !

Une belle présentation de chevaliers tant par la qualité des photos que par l'intérêt des commentaires

c est toujour intéressant de lire vos reportages agrémenté de belle photos

Ces portraits croisés d'oiseaux que l'on appelle "chevaliers" donnent à ta plume, Patrick, l'occasion d'exercer toute l'étendue de ton talent, que l'on retrouve ici avec le plus vif des plaisirs! Le varié n'est plus un chevalier! On n'en a cure tant, comme tu le soulignes, il en porte si haut l'armure. Quant à tes images, quelle richesse d'observations, que ta patience et ta parfaite connaissance du "domaine" ( ) ont su réunir! Un régal! J'attends la suite avec impatience!
Avec toute mon amitié,
Joëlle

C'est une bonne idée de nous montrer ces jolis oiseaux voyageurs avec toujours des textes documentés et agréables

Un toujours joli texte et des captations à la hauteur de celles-ci.

Philip

En accord avec Alain

Patrick tu connais les liens d'amitié que nous avons tissé tous les deux depuis des années ,l'admiration que j'ai pour la qualité de tes posts et des textes qui les accompagnent et c'est une fois de plus le cas ici ,je te félicite donc pour cette première partie de reportage que nous sommes nombreux sur le forum a découvrir avec plaisir . et impatient d'en découvrir la suite.
Cependant ,aujourd'hui ,l'ami doit endosser sa veste verte de modérateur et c'est vraiment à contre coeur que je le fait .
Mais tu sais que ce forum a des règles que certains avant moi t'ont fait remarquer en d'autres temps

Le but d'un forum est l'échange, il y a nécessité d’une réciprocité dans les critiques. Ici chacun est amateur et désireux de recevoir des critiques sur ses propres œuvres, nous souhaitons donc que chacun d’entre vous joue le jeu.

Hélas il arrive trop souvent que tu n'apparaisses sur le forum qu'au moment de tes post ,que tu laisses quelques commentaires à quelques membres (dont j'ai le privilège de faire partie ,mais il me faut penser aux autres...) et puis pendant des mois ,plus rien .
Aussi c'est au nom de mon amitié que je te demande d'être plus présent pour commenter les "posts" de ceux qui sont encore fidèles à ce forum qui a besoin justement de la participation de tous surtout des anciens qui maitrisent leur sujet .
En espérant ta compréhension .
Amicalement
Dominique

+ 1 !

A lire ton titre Patrick, je m'attendais à voir Tanguy et Laverdure (seuls les plus anciens dont nous faisons partie toi, moi et bien d'autres sur ce forum peuvent comprendre mon humour à 2 balles, mais à chacun sa personnalité. Je ne suis qu'un grand échassier!

Blague à part, c'est une très bonne idée et ton titre correspond bien à ce que tu nous présentes!

Très belle salve de Chevaliers bien mise en valeur et commentés

Bonjour à vous tous,

Avant toute chose, j’adresse mes vifs remerciements à Alain, Ramon, jeanolapin, Joëlle, Robert, Philip, Jean, Dominique, morikan et Michel pour leur visite et leurs amicaux commentaires.
Nous voici à l’acte II qui concerne trois oiseaux assez semblables par la taille mais différents à de multiples égards.
En espérant que cette suite vous plaira, je vous donne rendez-vous pour de nouvelles aventures.

Amitiés,

Patrick


Après les grands, les petits.
Le chevalier guignette est le premier de la liste, d’aucuns, et non des moindres, le comparent même à une grosse alouette.
Il faut avouer qu’avec ses 50 grammes, il n’est pas si impressionnant.
Vif et remuant, c’est le hoche queue du littoral.
Paul Géroudet, en ayant bien observé ses pattes courtes et son bec à peine plus long que la tête, estime qu’il pourrait bien être un intermédiaire entre les bécasseaux et les chevaliers.
Son vol est typique, avec ses ailes arquées, ses battements courts et rythmés, et sa longue barre alaire blanche.
C’est, bien sûr, une fois posée que la guignette attire davantage l’attention avec ses balancements de l’arrière train et ses hochements de tête.
Bien qu’il ne soit pas si aisé de l’approcher, lorsque l’on est à l’affût, elle pourrait pourtant sembler familière ; certains jours, on doit même se résoudre à se contenter de portraits.

13 – L’onde était si claire


14 – Elle s’approche


15 – Un peu d’acrobatie


Les deux plus grands, le chevalier cul-blanc et le chevalier sylvain qui tangentent les 90 grammes se retrouvent forcément en finale.
Le manteau est tacheté dans les deux cas, comme l’extrémité des rectrices marquées de noir.
Tout semble être fait par la nature pour que nous les confondions, ou presque…
Le Sylvain possède un large sourcil blanc tandis que son proche parent le cul-blanc ne montre qu’un joli cercle orbital de la même couleur.
Mais le critère indéfectible et diagnostique tient à l’intérieur des ailes.
Gris clair chez le Sylvain, il est noir de Jai pour son cousin.
Encore faut-il, bien sûr, que la lumière soit bonne et que l’oiseau veuille bien adopter une posture qui nous permette de discerner toutes ces nuances.
Certes, il n’est pas toujours aisé de faire la différence entre le jaune doré et le blanc crème, mais c’est une piste cependant.
Nous devrons dans tous les cas faire preuve de patience en hiver puisque les deux protagonistes, cédant aux charmes de l’Afrique, la rejoindront l’un et l’autre pour fuir nos frimas.

16 –Etirement d’aile


17 – Un bond


18 – En vol


Comme nous évoquions une finale, c’est indiscutablement au Sylvain que la palme revient.
Il est probablement le plus célèbre.
Il doit sans conteste cette notoriété aux travaux de Luc Hoffmann, un très grand nom parmi les ornithologues.
Ses travaux inlassables et variés ont conduit à la création de la station de la Tour du Valat, à la fondation du WWF et à bien d’autres faits. Il nous a quittés, hélas, et je trouve ici l’occasion d’honorer sa mémoire.
C’est à ses recherches que nous devons de savoir que, parmi les limicoles, le chevalier Sylvain compte parmi les rares à accomplir une sorte de migration de mue.
Il nous a enseigné, en se fondant sur ses propres observations, que s’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une migration de mue, le chevalier Sylvain fait au moins, en Camargue, un séjour de mue à l’orée de l’automne, venant de Falsterbö en Suède, sur la route qui le conduit au Maroc ou plus au sud encore.
Ses troupes nombreuses arrivent à grande vitesse puisqu’il a été mesuré qu’elles pouvaient parcourir jusqu’à 1000 kilomètres par jour.
Les oiseaux muent leurs rémiges avant de repartir vers le Sud, aussi promptement qu’ils étaient venus du Nord.

19 – Je m’étire aussi


20 – Un peu de jaune et d’or


21 – Un sourcil blanc

Tout d'abord, merci à toi Patrick pour ce reportage comme d'habitude ,parfaitement illustré et commenté ,pour une piqure de rappel toujours utile pour différencier cette armée de chevaliers du ciel (à plumes) . Et encore nous avons rarement sur notre territoire les espèces américaines qui compliquent encore plus la tache de reconnaissance .J'ai eu la chance d'avoir un spécialiste en la matière avec Florent lors de notre voyage au Canada et j'ai toujours été étonné de l'œil acéré qu'il avait pour les différencier. De mon côté j'ai souvent besoin de reprendre mon bouquin pour confirmer mes différentes observations surtout avec les plumages d'hiver ,nuptiaux ou post nuptiaux.
Mais ton post est didactique à souhait et illustre par d'excellents gros plan avec un gros plus pour la 14 et ce guignette en approche .
Dom

C'est toujours joliment conté, Patrick, et, comme de coutume avec toi, mine de rien, cela fourmille d'une multitude d'informations naturalistes, avec, souvent, des références aux grands noms de l'ornithologie comme tout autant de jalons. Quant aux images, elles célèbrent toujours la proximité trouvée dans ton "domaine" et permettent de mettre l'accent sur l'aspect et les attitudes de chacun, ce qui est particulièrement judicieux lorsqu'il s'agit de détailler les ressemblances et dissemblances d'une même famille d'oiseaux!
Avec toute mon amitié,
Joëlle

Merci, car en dehors du guignette que je reconnais systématiquement, je souffre beaucoup pour les autres !
Je ne manquerai pas de revenir sur ce post à mes prochaines rencontres... mais ça ce n'est pas pour demain, parce qu'à moins d'1 km